13 avril 2015

Schéma

Jeunes et déjà si vieilles, si abîmées dans leurs routines de couple et de vies de famille. 
Telle est la première description qui me vient à l'esprit quand j'entends mes collègues parler entre elles. 
Les côtoyer et entendre leurs discours peu épanouissants constitue un excellent contraceptif au couple, aux enfants, bref, au schéma commun qui, soit-disant, nous attend tous et toutes.

Elles n'ont pas la trentaine et pourtant elles sont entrées parfaitement dans le schéma de vie que la société nous impose. En couple longue durée (8-10 ans), avec 1 à 2 enfants et l'envie sûre d'en vouloir d'autres.

Au début, je voulais faire bonne impression et j'écoutais attentivement leurs péripéties domestiques. Je t'avoue maintenant que je fais semblant d'écouter en reprenant deux fois des frites.
Jeunes et déjà si vieilles dans leur manière de gérer absolument tout par défaut (enfants, corvées ménagères, boulot et merdes quotidiennes). Bien sûr, elles sont en couple avec des mecs qui se contentent de ramener beaucoup d'argent parce qu'ils ont des postes à responsabilités, qui sont incapables de s'occuper des gosses et de faire à manger.

Avec tous ces détails, car la vie quotidienne-hygiénique-sexuelle de mes collègues impudiques n'a plus de secrets pour moi, il est clair que mon célibat ne pèse plus que l'équivalent d'une belle plume de quetzal. Depuis le début de l'année, il s'est curieusement allégé. Son poids varie en fonction de mon environnement social. Même si paradoxalement, on ne m'a jamais autant renvoyé mon célibat dans la gueule depuis mon arrivée ici. 

Une fois de plus, force est de constater que je ne suis jamais parvenue à m'intégrer dans les échanges des collègues de travail. Je me suis résolue à être sans cesse en décalé car je n'ai pas de schéma mec-enfants et compagnie. Je n'ai pas d'histoires de caca, de bobos d'enfants, de mecs qui n'en fout pas une à la maison à raconter. Je n'ai pas à mimer les premiers mots ou la dernière mignonnerie de mon dernier. De ce fait, je n'ai pas grand chose à leur dire. Et cela ne constitue en aucun cas un problème car je n'ai absolument rien à leur prouver. Je m'affranchis de leurs regards et de ce qu'elles peuvent penser de moi car leurs vies domestiques ne me font absolument pas rêver. 

A leurs yeux, je me résume à une seule caractéristique. Je suis définie par un seul critère. Je suis célibataire. Apparemment, c'est l'essence-même de mon être. L'autre jour, j'ai eu le droit à la fameuse sentence : décris-nous-ton-mec-idéal-il-fait-peut-être-partie-de-nos-connaissances. J'ai commencé par répondre de manière évasive. Puis devant l'insistance, j'ai rassemblé tout mon courage et ma répartie en répondant que je n'avais pas envie de parler de ce genre de sujet. Encore moins avec vous ai-je pensé dans ma tête. 


Et puis quel est mon schéma? Je pense qu'une partie de la vérité réside dans le fait que... je n'ai pas de schéma. Jusqu'ici, mon parcours me le prouve. Et puis, la réponse ne m'intéresse pas. En réfléchissant deux secondes,... peut-être celui de prendre des risques et de sortir de sa zone de confort douillette et rassurante. Peut-être celui de vivre sa vie en toute indépendance, sans rendre de compte à qui que ce soit. 

2 commentaires:

  1. C'est vrai que c'est chiant les discussions bas de plafond au boulot, il faudrait participer pour "s'intégrer" mais à quoi bon parfois. Mais je dirais que c'est pas forcément lié aux jeunes-nanas-qui-parlent-de-leurs-gamins, tu verrais les discussions de mes collégues hommes (donc qui s'occupent pas trop de leurs gamins ni du quotidien domestique), ça vole vraiment pas haut non plus. Mais je compatis avec ton ressenti parce que je me souviens dans mon autre boulot (inintéressant) des discussions ridicules de mes collégues le midi (déblatérage sur les uns et les autres, expressions d'opinions politiques limites, plaintes continuelles et à tous les sujets) : j'ai fini par ne plus manger avec elles. Mais on finit toujours par sympathiser avec certains collégues (quelques uns) avec qui on partage des affinités (et des discussions), je suis sur que ce sera pareil dans ton cas !

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    1. Je me plaignais déjà de mes collègues dans mon ancien boulot. Mais maintenant, à la réflexion, j'échangerai bien avec mes anciens collègues. Au moins, je rigolais souvent. Maintenant, je facepalm et je hurle dans ma tête.
      Et je n'ai pas abordé les discussions du type café de commerce. Enfin, on verra par la suite.

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