30 mars 2015

Marguerite

Rédigé il y a quelques semaines...

Tu m'as téléphoné la semaine dernière. Tes coups de fil étaient réguliers depuis que j'étais partie.
Tu posais toujours les mêmes questions et je répliquais les mêmes réponses.
Cette fois-ci, en plus de se renseigner sur mon travail et ma recherche de logement, tu m'as demandé si j'avais trouvé un amoureux.  
- Oh non Mamy, pas déjà! 
- Tu as raison, tu verras ça après.
- Mais tu sais, vendredi, je vais manger chez une collègue qui m'a invitée.
- Ah! c'est gentil ça! 

...

- Bon, ma petite, le compteur tourne. Papy et moi on te souhaite une bonne soirée! A bientôt!

Ce fut la dernière fois que je t'ai eu au téléphone. Maintenant, je me souviens de cette dernière conversation dans les moindres détails. L'intonation de ta voix, ton rire et tes expressions. Malgré son caractère anodin, cette conversation me paraît aujourd'hui tragique. Nous nous sommes parlées sans savoir toutes les deux que c'était la dernière fois. 

Tu étais la dernière grand-mère qui me restait. J'étais ta première petite-fille et ton premier petit-enfant. 
Tu représentais un lien fort vers mon enfance la plus tendre et la plus paisible. Des images acidulées comme la glace au cassis, comme la tarte au citron que tu préparais à chacun de mes anniversaires, doux comme les pulls que tu m'as tricoté et sucrées comme les crêpes que tu cuisinais.
Mes premiers souvenirs de plage, c'était avec toi. Les dimanches d'été passés à l'ombre de ce petit bois que tu possédais avec Papy et rythmés par les pique-niques, les lectures et les jeux de palet.
Tous ces souvenirs heureux sont devenus temporairement encombrants et lourds.
Pourtant Mamy, quand je suis partie au mois de février pour le travail, j'ai eu le fort pressentiment de devoir revenir de manière imprévue. J'aurais aimé que ce ne soit pas pour te dire au revoir. Pas si vite en tout cas. 

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