27 mars 2010

Apparences

Je m'étais posée la question pseudo-égotique sur Hellocoton à savoir si nos blogs nous ressemblent forcément. Est-ce que l'ironie du sort me ressemble? Et vice-versa. Une seule personne ayant toutes les cartes en main pourrait me répondre mais malheureusement, elle ne fait plus partie de ma vie.
Bon, JS, fidèle au poste, a apporté sa contribution à l'édifice mais la finalisation de la réflexion est encore loin.
Finalement ne se construit-on pas une sorte de personnage, bien planqué-e derrières nos écrans? Un personnage sur lequel on fantasme ou à qui on aimerait ressembler, un peu, dans le fond. Un personnage aux répliques qu'on n'ose pas sortir dans la vraie vie, par timidité, peur ou manque d'audace. L'exercice du blog n'est pas forcément sincère pour tout le monde, on enjolive la réalité ou du moins on est tenté-e de le faire. Le je n'est pas nécessairement signe d'authenticité et d'intimité.
Les gens qui me connaissent peu ou pas me voient comme quelqu'un de discret, qui exerce un métier strict et ennuyant, aux habits sombres et qui s'éclate d'après eux, à relire les écrits de Sénèque et qui prend son pied en se refaisant l'intégrale de Zola. 
Je suis peut-être littéraire mais pas austère ('tain, ça, c'est du slogan).
Il est indiscutable, qu'avec mon quart de siècle approchant, je n'ai jamais été te(i)ntée par le vice.
On est vite catégorisé, que veux-tu! Trop vite, à mon goût. Faut pas se leurrer, l'apparence et le comportement sont les premières choses sur lesquelles on peut juger, en toute tranquillité. Je joue le rôle de la fille sage aux loisirs chiants et aux préoccupations intellectuelles.
Ceci est mon portrait, sans nuances, dessiné grossièrement par ces individus. Les nuances, sont ce qu'il y a de plus intéressant. Enfin pour moi. J'adore les vieux films en noir et blanc mais je n'ai pas loupé d'une miette la saga de Moundir à la recherche de l'amour, sous ma couette en dégustant un magnum aux pistaches. J'exècre la variétoche française mais je suis tombée amoureuse du morceau de Gaëtan Roussel. Je suis toujours au courant de l'actu politique mais aussi people. Et aussi politico-people, tant qu'à faire!

A vrai dire, je ris intérieurement à l'écoute de ces jugements hâtifs. Par contre, je ris beaucoup moins quand, le regard vague et l'haleine fortement alcoolisée, on s'obstine à me mettre sur une sorte de piédestal, à me donner une place qui n'est pas la mienne et à me faire sentir qu'il y a une différence. Car en passant mes soirées sur CocoVille, j'ai vite constaté que les autochtones boivent pour oublier le fait qu'ils habitent la plus belle ville industrielle de la côte Atlantique, au futur incertain. Je n'ai pas ce problème de boisson car j'habite Beach City et il n'y a rien d'industriel, ici. En vrai, c'est parce que j'ai une voiture et un permis que j'aimerais beaucoup conserver.


J'ai toujours une phase d'observation, d'adaptation à la faune inconnue, que ce soit dans mon travail ou dans ma vie perso. Cette phase est nécessaire pour moi car pendant ce temps indéterminé, je vais savoir comment me comporter: s'il y a des charrieurs et des charrieuses, des bavards, des timides, des grandes gueules ou bien des cons, tout simplement. Je vais savoir aussi si je vais rapidement me sentir à l'aise. Et plus je me sens rapidement à l'aise, moins je suis sur la réserve.

Si tu oses trop me toucher, je te fusillerai du regard ou je me sentirai mal à l'aise, selon notre degré d'intimité. Si tu es rapidement sensible à mes remarques ironiques, tu es certainement quelqu'un de bien avec lequel, je vais rapidement m'entendre. On devrait se mettre un badge ou un autre signe distinctif pour se reconnaître n'importe où entre ironique, cynique et blasé de la vie. On fonderait ensuite une secte pour gouverner le monde. Bref, je m'égare.

Si tu as un radar à la place du cerveau, je vais le sentir tout de suite et je vais me montrer distante. C'est pénible, ces mecs qui cherchent à tout prix, qui courent après quelqu'une, qui ne prennent pas le temps de faire connaissance intelligemment. Non? Sont-ils partisans de l'adage: "mieux vaut être mal accompagné que d'être seul?" Ils approchent la trentaine et se retrouvent avec leurs potes casés, parfois avec un gosse en route. En général, leur stratégie de séduction est peu subtile et on les voit arriver à des kilomètres. Du coup, ils sont creux et peu naturels. Ils sont pressés car ils viennent de rompre, ne veulent pas perdre la main et croient naïvement qu'ils se sentiront mieux avec la prochaine. Qu'ils commencent par mieux se sentir dans leur tête!
A l'inverse, il y a des mecs qui ne cherchent pas. Du moins qui ne me donne pas cette impression. Comme pour le premier cas, ils ont essuyé des ruptures plus ou moins douloureuses, qu'ils cachent très bien sous leurs dehors cyniques. En réagissant différemment, ils se laissent porter par le présent et les soirées. Ceux-là sont les plus intéressants et méritent qu'on s'y attarde. Un autre rapport plus vrai s'instaure, celui de la connaissance honnête de l'autre.

10 commentaires:

  1. Une phase d'observation me parait indispensable. Les gens trop familiers tout de suite, je trouve ça suspect.

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  2. Bon je suis forcément différente en réalité que l'idée qu'on peut se faire de moi par mon blog, car comme tu dis, en réalité je serais plutôt comme toi, j'observe puis j'avise ensuite, on me prends même pour une timide au premier abord (mouhahahaha).

    Mais au fond, je suis pas si différente que ça, je suis réellement une fille ordinaire, gaffeuse, j'ai la même imagination trépidante dans la vraie vie et les conneries je les fais vraiment. Les traits sont peut être exacerbés, mais je reste super spontanée. Après, il y a des faces que moi, qui sont personnelles et que je n'ai pas envie de montrer, qui a dit que tout le monde devait nous connaitre? :)

    Moi je t'imagine assez douce, mais observatrice effectivement, et que tu sortes des pics ironiques ou qui tuent, ça m'étonne à peine tu vois :);)

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  3. Je ne te connais pas, donc je ne peut pas savoir si ton blog te ressemble vraiment. En tout cas, je l'aime bien, tes écrits sont sincères, j'aime la qualité de tes notes. Tu ne doit donc pas être une personne désagréable. Tu n'as pas vraiment l'air austère non plus.

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  4. Et ben voilà, je suis prête pour l'interro, je suis hyper calée en Enna maintenant!

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  5. Oh, comme je me retrouve dans ces interrogations ! Est-on vraiment soi-même sur son blog ? Il n'y a jamais qu'une réponse, bien sûre, ce serait trop facile. Mais dans la vie, on joue toujours un rôle. Le rôle de l'enfant de ces parents, de la bonne amie, de la maitresse...il est alors logique qu'on endosse aussi celui de la blogueuse plus cool et sûre d'elle qu'elle ne l'est en réalité.
    Finalement, je crois qu'une personnalité ne peut tout simplement pas être réduite à une définition. On est tellement multiples, tellement de choses à la fois, je ne crois pas que les autres puissent l'appréhender. Mais nous, on a beaucoup de mal.;)
    Merci pour ce billet.;)

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  6. j'aime beaucoup ta façon d'écrire... sinon je pense qu'il est évident que, si on ne se crée pas un personnage sur son blog, on ne montre qu'une seule facette de sa personnalité... je ne mens pas sur mon blog, mais j'occulte certains traits rébarbatifs. Par exemple j'ai l'air de tout prendre à la rigolade avec beaucoup d'optimisme, alors que mes premières réactions dans la vie sont toujours une forte anxiété ou de la colère... je me vois mal écrire "aujourd'hui, j'ai vu ça, ça m'a stressée, énervée..." je préfère en rire plus tard sur mon blog ! : )

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  7. C'est un thème très (très) intéressant, une question que j'adore. Pour mon cas je pense que j'ai de plus en plus tendance à ressembler à mon moi-bloguesque, au fil du temps, même s'il y a quand même certaines différences.


    Mais finalement, pour pas mal de personnes le blog est une façon de s'exprimer en passant outre la timidité/manque d'assurance plus ou moins importante que chacun a et sans les regards/dires/influences extérieurs. Donc en fait, n'est-on pas réellement plus proche du "personnage" qu'on joue en tenant un blog que de celui que l'on joue en sociéte ?


    Personnellement, à travers ton blog, je ne te vois pas du tout comme une jeune femme "aux habits sombres qui s'éclate à relire les écrits de Sénèque et qui prend son pied en se refaisant l'intégrale de Zola". Vraiment pas. Pas austère non plus (rien que le design de ton blog me fait dire ça ;)). Discrete, oui, à la limite. Et encore ... C'est l'image que j'ai de toi en tout cas.


    On se fait tous une idée de la personne qu'on lit régulièrement, c'est assez marant comme phénomène. Des fois on aime bien des blogueurs qu'on n'aime pas en vrai (je suppose, ça m'est pas arrivé encore), d'autres fois c'est le contraire (mais on a moins l'occasion de les rencontrer du coup). Et finalement, je trouve qu'on comprend souvent assez bien si la personne est dans le même trip que soi.


    J'aime bien cette note.

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  8. je suis d'accord avec Gaby : dans un sens, on ressemble plus à son personnage de blog, car on se lâche plus que dans la vraie vie !

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  9. J'ai du en effet vachement t'avancer dans ta réflexion ;) Je trouve que oui, tu ressembles... parce qu'en fait, je te connais surtout via ton blog ! On redécouvre toujours une facette de personnalité d'une personne quand on la lit, voit ses photos ou toute autre création...
    Après, c'est vrai que c'est toujours amusant de voir les même types de personnalité revenir et j'aime aussi les regarder avec un sourire en coin ! Et j'aime encore plus être surprise et voir ma première impression évoluer...

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  10. @ Manu: ouais, moi aussi, je n'aime pas trop ça.

    @ Gazelle: tu n'es donc pas si éloigné que ça de ton personnage de blog ;-) M'étonne pas que tu m'aies un peu cerné, depuis le temps... ;-)

    @ Denis: merci beaucoup pour ton commentaire :-)

    @ Crevette: héhéhé, garde ces connaissances, ça peut toujours servir, ou pas! :-P

    @ Kahlan: ah, ta réflexion est intéressante dans le sens où l'on joue un rôle dans la vraie vie. Celui de la blogueuse pourrait en être un supplémentaire: une facette venant rejoindre les autres composant notre personnalité.

    @ Papillote: moi aussi, j'efface pas mal de choses mais pas trop car après cela manque de sincérité, je trouve. Détourner les micro-événements qui nous arrivent, c'est plus fun!

    @ Gaby: merci pour ton commentaire. Et je partage assez ton avis, du fait que l'on ressemble plus à son personnage de blog qu'à celui de la vraie vie car on se lâche plus. L'écran nous protège en quelque sorte aussi du qu'en dira-t-on.

    @ JS: après la rencontre, c'est autre chose: l'affirmation ou l'infirmation de l'idée du personnage que l'on se faisait sur son blog.

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