Salon

ça y est! Je crois que j'ai enfin compris. J'y ai mis le temps. Je peux rayer sans regret salon dans la rubrique à ne pas refaire, juste en dessous des pommes de terre farcies.

Et écrire en rouge en dessous:"pas la peine de te biler ma belle (ouais, j'aime bien m'appeler ma belle parce que personne ne le fait pour moi, alors.), on ne t'attend pas là."
Mon après-midi m'a servi de leçon. A la manière d'un troupeau, dès l'entrée, on nous a estampillé d'un ravissant badge à porter avec nos noms. J'aurai tellement voulu personnaliser mon collier d'un après-midi. Tu vois, mettre I love documentation ou Documentaliste forever, ou jeune-vieille diplômée fauchée ou le chômage, à petite dose, hein! ou encore je suis ingénieure-documentaliste, nan je déconne, je suis documentaliste. Il était joli ce salon, bien décoré et remanié à la langue américaine parce que ça fait plus 2.0, tu vois.

Genre, je n'ai pas participé à des ateliers mais à des training. Un, sur l'usage des réseaux sociaux dans une recherche d'emploi, laisse-moi te dire que j'ai pouffé plus d'une fois. Et je n'ai pas voulu étaler ma science par crainte de mettre l'animateur mal à l'aise.
J'ai assisté à des conférences dans la conference zone où les intervenants n'avaient que le mot d'ingénieur ou commercial dans la bouche. En revanche, je ne suis pas entrée dans la compagny zone mais j'ai plutôt traîné du côté snack area. Je n'ai pas eu des entretiens de quelques minutes mais plutôt des one to one sessions/ ou speednetworking. Oui, comme le speed-dating sauf que là, c'est purement professionnel. J'ai mis en valeur mes atouts (je m'étais lissé les cheveux et peint les yeux) et mon expérience embryonnaire mais rien n'a fait.
Je n'ai pas eu la chance d'être filmée, puis d'être mise en ligne sur Internet. Remarque, cela aurait été drôle.
- Alors ennA, peux-tu nous dire que ce salon t'a apporté?
- Euh... j'ai joué aux devinettes avec les recruteurs! Ils n'ont pas encore totalement cerné ce que je faisais mais j'ai de l'espoir.

La meilleure a été la réaction d'une recruteuse d'une chaîne de magasins dans lesquels je déteste mettre les pieds. Regard inexpressif et voix amorphe: "Documentaliste? Chargée de veille?" (c'est quoi ces bestioles-là?) "Ah non, non, on n'a pas ça chez nous!"
Au bout de la cinquième réaction: "Documentaliste? Pas ici! Peut-être au siège social, mais je ne peux pas vous dire plus. J'ignore même s'il y a des gens de votre profil travaillant chez nous.", j'ai pris mes jambes à mon coup.
Et pour un DRH, c'est rassurant de voir qu'il connaît les profils composant son entreprise sur le bout des doigts.

Sans compter que j'ai été harcelée par une blonde brushinguée à la Jennifer Hart, travaillant chez un discounter, plus préoccupée par la pub qu'elle pouvait faire de son entreprise que par la recherche de potentiels. C'est joli potentiel, hein? Encore un adorable mot pour dire jeunes diplômés sans expérience.
C'est là que je me suis mise à chanter de ma plus belle voix rauque: "Oh, Jennifer, si tu savais, ce qu'on m'a dit dans le creux de l'oreille, tout le mal de ta politique RH. Qui ça? A guy I used to know et qui travaille dans la même boîte que toi!"
Non, en fait, j'ai rien dit, c'est pour voir si tu suivais.

Autre chose bien marrante, on m'a proposé un boulot par mail. Hum, intéressant, ça! Réaliser un audit d'une unité documentaire au sein d'une association. Pas mal. A pourvoir d'ici le 28 novembre. Et où? Ah. Brazzaville. Congo. Ah. Durée de la mission: deux semaines. Ah. Et on ne se foutrait pas de ma gueule, des fois, non?