28 avril 2010

Autrui

Professionnel.
Ce n'est pas évident de s'intégrer dans une entreprise de 200 personnes, environ. Surtout quand le séjour n'est que temporaire. J'ai été très bien accueillie le premier jour: visite des lieux et présentation aux responsables des services. J'ai même eu le droit à ma photo et à mon petit paragraphe de présentation de 5 lignes dans le journal interne de l'entreprise.
J'aurai tellement aimé le commenter ici car j'ai beaucoup ri à sa lecture. Mais il est un peu-trop-beaucoup rempli de détails que je ne veux pas dévoiler ici. C'est juste qu'on a l'impression que j'ai une expérience professionnelle de malade alors que... non.
Mais après que reste-t-il? Pas grand chose, à vrai dire. On me capte uniquement quand on a besoin et quand on vient me voir. Sinon, les regards sont fuyants dans les couloirs.

J'entends le martèlement des talons de la team des assistantes de gestion et de formation. Elles sont toutes habillées de la même manière et sont toutes rendues au même stade de leur vie. Casées, voire mariées pour certaines, elles ne parlent que de permis de construire, déménagement, travaux et éventuellement bébé pour celles qui sont enceintes. C'est pour quand? Il est toujours bon ton de s'émerveiller face à un ventre abritant un brouillon de vie. Cela ne risque pas de t'intéresser me lance ma responsable pour me tester. Non, à vrai dire, je m'en fous mais faut bien s'intégrer, non?

Tiens! voilà le responsable informatique au physique pré-pubère et à la voix d'enfant. Il vient régler mon problème de messagerie. Je l'ai surnommé l'Autiste à cause de la tronche de six pieds de long qu'il tire à longueur de temps. Il n'a pas eu beaucoup de chance car il porte sur ses épaules tout le poids de la dette grecque additionnée à la misère mondiale, évidemment! Il a certainement une vie de merde et aucune satisfaction sexuelle mais cela ne me regarde pas.

T'ai-je présenté l'infographiste? Alors, lui, il est persuadé qu'il est le seul à bosser et que du coup, il est le seul à être débordé. C'est vrai, je fais appel à ses services uniquement parce que je me fais chier. Et par services, je suis bien polie car je ne fais que squatter son imprimante couleur dernier cri. Apparemment, il ne sait pas m'envoyer de mails: ça bloque quelque part. Me reste le téléphone pour caresser l'espoir de pouvoir le joindre avant d'escalader la tour d'ivoire dans laquelle il travaille. Il souffre également d'un mal bien connu de tous - le foutage de gueule - : parfois, il m'envoie d'abord chier, puis dans un deuxième temps, il me balance un fouillis d'excuses qui sonne faux. Il m'a également juré sur le Word 2007 pour les nuls, qu'il ne savait pas comment insérer une image sous Word parce qu'il était une vraie brelle. Mais bien sûr!

Et l'imprimeur? Un parfait cas d'étude. Une légende urbaine. J'étais prévenue dès le troisième jour. Il a un caractère spécial. C'est un beau parleur. Il est paternaliste. Il te fera marcher comme il voudra. Il n'hésitera pas à t'envoyer à la cantine, voir s'il y est. Il y est d'ailleurs un habitué: pause-d'embauche matinale, pause de 10h, pause-midi, pause de 15h et certainement pause-débauche. On a souvent des soucis quand on a affaire à lui. Mieux vaut l'avoir dans ses bonnes grâces, sinon tu es mal barrée!
Voilà le portrait haut en couleurs qu'on a pu me dresser.
Apparemment, je n'ai jamais eu affaire à ce bonhomme que mes charmantes collègues ont pu me décrire. Même en lui apportant du travail à la dernière minute, j'ai toujours été reçue avec le sourire et aucune remarque désobligeante. Et non, je ne lui fait aucun charme en le complimentant sur ses grosses, grosses imprimantes.

Une remarque me faisait rire jaune l'autre jour quand une ancienne camarade de promo affirmait avec fierté que valait mieux travailler dans un environnement masculin car je cite: "ouais, les mecs instaurent un rapport moins hypocrite et mesquin que les filles." Je pense qu'elle a rapidement oublié le machisme ordinaro-quotidien. Il n'y a pas de meilleures relations professionnelles chez les unes que chez les autres. Ce n'est pas une histoire de sexe mais plutôt de personnalités.
Et encore, tu n'as pas rencontré le directeur financier me dit ma responsable en affichant un sourire énigmatique. Pourquoi? je pose, curieuse. Tout simplement, parce qu'il y a une sorte de bizutage qui dure en moyenne un an, durant lequel il te parle comme si tu étais une demeurée. Après, ça va un peu mieux.
Sans commentaires, hein?

10 commentaires:

  1. C'est rigolo que tu parles d'intégration en entreprise avec les personnalités qui vont avec... Je suis en plein dedans ! Mais mes collègues sont - pour l'instant - très sympas, à voir si ça continue ;)

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  2. Bienvenue dans le monde du travail...

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  3. La belle équipe ! Ça donne envie de bosser :D

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  4. j'adore tous ces posts qui parlent de boulot... quand je serai au chomage dans trois mois, je n'aurai pas de regrets ! ; )

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  5. J'adore comment tu décris ça avec tellement de réalisme!

    (mais tu vas t'en sortir hey hey)

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  6. C'est où? Histoire que j'aille jamais bosser là-bas :-)!
    Bon courage! Fais ton boulot et le reste basta!

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  7. Ah oui, quand même...tu n'y restes que pour un petit moment, c'est ça ?;)
    Enfin, je pense que des personnages de ce genre, il y en a partout, hélas...et il ne faut pas forcément se méfier de celui que les autres ont pris en grippe, ce n'est pas forcément le pire, après tout...
    Bon courage !;)

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  8. @ JS: j'espère que tes collègues continueront à être sympas!

    @ Denis: merci ;-)

    @ Papillote: pas de regrets pour ma part, pour certains de mes collègues, en tout cas! :-)

    @ Gaby: ahahah! je repousse toujours au dernier moment ce que j'ai à faire avec eux.

    @ Gazelle: je m'en sors depuis deux mois: j'ai pris l'habitude ;-)

    @ Alice: c'est top-secret! Le point positif, c'est que je n'ai pas tout le temps besoin d'eux, c'est ponctuel.

    @ Kahlan: c'est clair qu'avec l'imprimeur, j'ai été agréablement surprise. Peut-être qu'il se permet des choses avec des collègues qu'il connait depuis une dizaine d'années et pas avec les nouveaux. Mais tous ces sacrés numéros ne m'empêchent pas de m'investir dans ce que je fais. J'aimerai rester encore peu, moi! :-) On verra!

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  9. Mais dis donc... C'est fou comme... comme... comme ça donne pas envie dis donc!!!

    :)

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  10. Très bien ces scènes de la vie de bureau. Un mini-caméra café en somme.

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