Livre - 2

Gaby et Papillote ne sont rien que des gros curieux car ils veulent savoir comment je lis. Manquerait plus qu'ils veulent savoir comment je mange.

Je serais fainéante, je leur répondrais: "bah de la manière suivante: je prends un livre avec mes mains, de préférence sans images, parce que j'aime bien les lettres, je l'ouvre à la première page pour commencer ma lecture mais ce n'est pas une obligation!" Et mon billet tiendrait en cinq lignes!
Mais comme j'aime bien gloser et radoter, je vais leur répondre en détails. Surtout que j'avais publié un billet sur le sujet, perdu dans les tréfonds de mon blog. Billet largement commenté comme tu peux le constater.
Je le remets ici avec quelques modifications.

Je suis en quelque sorte conditionnée par la lecture, puisque quand je suis née, j'ai été bénie par la fée des lettres et conspuée par celle des chiffres. Je me suis rapidement orientée vers ce que certains appellent les sciences molles, celles de l'interprétation, de l'imaginaire, de la fiction et de l'analyse stylistique.
Cependant, au bout de trois ans, il était temps que cela s'arrête. Je faisais l'overdose de lecture car je ne lisais plus pour mon plaisir mais parce que c'était obligatoire et que c'était des livres... chiants. Qui osera me dire qu'il-elle s'est éclaté-e à lire 3 tomes de A la recherche du temps perdu ou les mémoires de Saint-Simon, le Gérard Langue de Pute de la cour de Louis XIV?
Aujourd'hui, ça va mieux. Merci de demander.
A côté des livres chiants, j'ai eu ma part de livres qui m'ont marqué comme Voyage au bout de la nuit de Céline, Antigone de Bauchau, le roman bourgeois de ... merde, j'ai oublié! Ah oui! Furetière!
D'ailleurs, je relirais bien Voyage au bout de la nuit. J'ai envie de trucs "dark" en ce moment.
Non, non, ça va. Merci encore de demander.

Au fur et à mesure de mes études, on m'a appris qu'une bonne littéraire ne se déplace jamais sans un livre planqué dans son sac à main. Voilà, pourquoi j'ai (presque) toujours un livre sur moi. Pour me réconforter, calmer mes éventuelles boulimies de lecture mais aussi me donner une certaine contenance car quand on se retrouve seul-e à attendre quelque part, on a l'air rapidement con-ne. Mon compagnon à pages remplace la cigarette de certains et l'aïefaune de certaines.

Je lis n'importe où: sur le quai, dans le train, dans le tram,... Depuis que j'ai 2h30 de transports quotidien, je carbure à du 1 à 2 livres par semaine. Mais rien ne vaut mon lit ou un grand fauteuil.
N'importe comment: debout, assise en tailleur, allongée sur ma serviette de plage, une tasse de thé pas très loin (mais pas sur la plage, hein), avec parfois un crayon de bois à la main . Pour noter des citations qui me font écho, qui me parlent. Je tiens d'ailleurs un cahier où sont répertoriées ces citations.
Je lis en faisant abstraction de tout ce qu'il y a autour: les conversations inintéressantes des uns, les délires salaces des autres, le bruit des freins, des portes et le son grésillant provenant des oreillettes.
Je lis concentrée sur les mots, les phrases où je cherche des yeux le point final.
Je lis en diagonale parfois, l'esprit ailleurs. Je lis plus vite que les lignes. Je fais des retours en arrière: une fois, deux fois,...

L'histoire m'ennuie et son enchaînement me paraît trop lent? Poussée par l'ennui parfois, par la curiosité souvent, je lis la dernière page, les dernières phrases. Mais cela ne remet pas en question ma lecture, puisque que pour moi, le dénouement n'est pas une fin en soi. Ce qui m'intéresse plutôt, c'est le comment du dénouement, les péripéties de l'intrigue qui mènent à l'épilogue, en fait.
De temps à autre, je lis la fin au début et le début à la fin. Et peut-être juste le début et la fin. Je dissèque le livre comme un scientifique dans son laboratoire. Peut-être juste pour avoir le plaisir de reconstituer le puzzle. Je manipule le livre comme parfois le livre nous manipule.
J'aime avoir le dernier mot!

Si Linkwithin fait bien son boulot,
tu devrais avoir
apparaître ma série de billets sur les auteurs et livres qui ont compté (ou pas) pour moi.
Sinon, fouille un peu!