4 tasses serrées les unes contres les autres sur un minuscule guéridon de terrasse chauffée. 3 tasses de thé nature et une de chocolat chaud pour celle qui a voulu faire sa rebelle. Cherche pas, c'est moi! Elles accompagnent les filles assises autour de la tablette. Ces filles de vingt ans réunies en cette fin d'après-midi pour réconforter celle, qui emmitouflée dans son manteau d'hiver et tenant une clope allumée à la main, se pose beaucoup de questions sur son histoire de coeur débutante.
Faut dire qu'elle est totalement novice en relations amoureuses, apprentie en coup d'un soir et inexpérimentée en décodage du raisonnement masculin. Le garçon à la guise est la source de ses prises de têtes depuis quelques semaines. Elle est à sa disposition à n'importe quelle heure du jour et de la nuit par un simple son de texto reçu. Il n'assume rien au grand jour et préfère le secret et la pénombre de ses nuits passées avec elle. Tellement plus facile! Et elle? Elle aimerait que ce soit autrement, surtout qu'elle commence à s'attacher. Elle, qui d'habitude, a un caractère fort et marqué, s'écrase et n'est plus sûre de rien. Je crois deviner ses pensées. Les yeux dans le vague, elle se dit qu'elle n'a vraiment pas de chance avec la gente masculine. Sa première fois qu'elle attendait depuis longtemps est loin d'être rose et ressemble plus à un PCR qu'à une véritable relation.
Je la connais depuis qu'elle est née. On a quasiment grandi ensemble, je l'ai vu s'affirmer en tenant tête à son père sophistiqué. On a aucun lien de parenté mais elle pourrait être ma petite soeur. J'ai d'autant plus mal pour elle. Deux années passées à bûcher jour et nuit en vain pour espérer devenir toubib ont détruit la foi qu'elle se portait à elle-même. Aujourd'hui, elle panse tout juste ses blessures d'estime. Je ne veux pas qu'elle s'accroche, avec comme prétexte, la crainte de ne croiser plus personne sur son chemin de célibataire. Sa vie recommence: un nouvel apart', de nouvelles études, de nouveaux projets et forcément de nouvelles rencontres masculines. Même s'il a beaucoup de charme (le physique compte), l'expérience, attentionné dans leurs tête-à-tête et qu'il est le premier, cela est loin de faire tout. Je comprends parfaitement que se sentir désirable pour la première fois est enivrant et chavire la raison de la plus scientifique qu'il soit.
Silencieuse et observatrice, je laisse faire ses amies de galère, plus expansives dans le dialogue et dans les solutions à trouver. L'ultimatum d'une semaine est posé. Elle a peur que cela se termine mal. Je me détache quelques secondes de l'intrigue qui se joue devant moi. Cyniquement, je me dis que le ventricule oublie plus vite une bluette de deux mois qu'une liaison de deux ans. Je repense à une autre conversation.
- ennA, ça ne te tente pas?
- on va dire que ce n'est pas ma priorité en ce moment. Tu peux comprendre qu'en sortant d'une relation de deux ans, on ait envie de penser à autre chose.
- oui, mais c'est pas drôle d'être toute seule, quand même!
- pour l'instant, ça ne me gêne absolument pas. Je préfère être seule que mal accompagnée. Et puis la solitude ne m'est pas encombrante. Elle l'est juste aux yeux des autres, comme toi. Mon peu d'énergie et d'envie est ailleurs.
Mes pensées de retour au p'tit vélo, je guette les rapides coups d'oeil qu'elle jette furtivement à son portable posé sur la table. Les 4 tasses se sont vidées. Elle a laissé 3 messages dans la journée pour qu'ils se retrouvent en centre-ville. Son téléphone restera malgré tout, muet.
J'ai 4 amies (non non ce ne sont pas les persos de Sex & the city ;) également célibataires, même si elles aimeraient bien sûr rencontrer quelqu'un qui leur plait et avec qui elles se sentent bien, elles préfèrent être seules plutôt que mal accompagnées... Je comprend ton amie en même temps, son coeur s'est attaché à lui sans trop le regarder dans le fond des yeux. J'espère qu'elle va prendre sa bonne décision quand à sa future relation.
RépondreSupprimerC'est complexe, toutes ces relations. Et ça l'est d'autant plus qu'une certaine norme s'impose et s'applique. Les gens veulent te voir en couple, parce que c'est ça qui se fait. Mais parfois, être seule, ça fait du bien aussi, on se retrouve, et on évite de souffrir inutilement.
RépondreSupprimerHummm, j'aimerai bien savoir la suite !
RépondreSupprimerPfouh... dans ce domaine là, j'ai toujours eu de la chance ! j'ai toujours choisi mes amoureux (je préfère draguer qu'être draguée) et c'est moi qui décidait du tournant des relations... je crois que vivre dans un environnement familial en grande partie masculin m'a beaucoup aidé !
RépondreSupprimer@ Caro: mon amie a mal vécu son célibat et surtout sa vie de moine pendant ses deux premières années de médecine. Tout ça renforcé par ses parents qui sont pas mal sur son dos à propos du sujet des garçons.
RépondreSupprimer@ Kahlan: je connais des gens pour qui, être avec quelqu'un est une fin en soi. Une norme comme tu dis. Moi, ça me saoûle, du moment qu'on est heureux, seul-e ou en couple, c'est l'essentiel.
@ Gaby: petit curieux :-D
@ Papillote: alors, j'en déduis que c'est toi qui porte la culotte avec Choupinounet!? ;-)
Quelle angoisse l'attente du coup de fil.. ! Pourquoi les hommes ne rappellent-ils jamais..
RépondreSupprimerJe suis bien d'accord avec toi. Je déteste savoir que quelqu'un va m'appeler car je me mets à attendre que le téléphone sonne. Et il ne sonne jamais. C'est moche!
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