Chuuut!
J'ai longtemps fait partie d'une société secrète durant mes années de fac. Alors, il n'y a rien à voir avec les fraternités des universités américaines. On ne se connaissait pas forcément les uns les autres, on ne buvait pas des boissons alcoolisées, on ne faisait pas la fête et nos soirées étaient loin de se terminer dans l'orgie la plus complète. A la place, des jus de fruits fraîchement pressés que certains amenaient en guise de présents, un buffet de bonbons (carambars inclus pour mettre un peu d'ambiance), de la musique dynamique et enthousiaste (Brel et Barbara) nous faisaient patienter en attendant que tout le monde soit arrivé.
Il arrivait que l'hôte des lieux nous prenne en photos peut-être pour se dire qu'il avait plein de potes et qu'il faisait des soirées de foliiie. Son vaste appartement nous servait de vestibule car c'était dans les sous-sols, tout aussi spacieux, que la soirée avait réellement lieu. Afin de rejoindre les profondeurs, il fallait rester discret et silencieux (bah oui, on était une société secrète, quoi!) et faire preuve de souplesse pour éviter de se cogner au plafond bas (c'est là que j'ai béni ma petitesse). Quelques marches en colimaçon plus tard, on arrivait dans une pièce remplie de coussins, de fauteuils et de canapés, un décor parfait pour une soirée
échangisteeuh! conviviale. Et là, tu te dis, mais qu'est-ce qu'elle raconte? Je comprends rien!
Dans deux coins de la salle, se tenaient deux étagères avachies sous les vinyles, boîtes en carton, cassettes vidéos et dvd en tous genres. Au plafond en voûte était fixé un rétroprojecteur et au fond, une gigantesque toile blanche aussi grande que celle qu'on peut trouver dans certaines salles de cinéma.
Chaque soirée commençait par les mêmes rituels: tout le monde prenait place. J'essayais à tout prix de partir à l'abordage du fauteuil gauche car passer deux heures minimum sur une chaise pliante... Une fois tous les gens installés, le maître de cérémonie, on l'appellera l'homme en noir, (car il était toujours habillé en
rosenoir) faisait un pitch sur l'oeuvre cinématographique qu'on allait contempler avant d'insérer la cassette/le dvd dans le lecteur et d'appuyer frénétiquement sur les boutons de sa super-télécommande.
J'espère que tu commences à percuter. Oui? Non? Bon, allez, je me clarifie, je passe aux aveux et je fais mon coming-out de ciné-club 'sauvage'.
Je le qualifie de 'sauvage' car j'ai appris l'existence de ce ciné-club privé par le garçon tourmenté (il y en a toujours un) de ma promo de lettreux qui le tenait d'une autre personne qui le tenait de la soeur de sa meilleure pote. Tu vois un peu le bouche à oreille. 'Sauvage' car ce ciné-club était tenu par un philantrope solitaire et élitiste mais aimant, je pense, le contact avec les étudiants et les Erasmus et partager le ressenti de chacun de l'après-film. Enfin, 'sauvage' car comme nous le savons tous, une représentation cinématographique en dehors du cercle privé et familial est purement interdite. De plus, l'homme en noir insistait beaucoup sur notre discrétion.
Au fil des ans, comme une éponge, j'ai absorbé tous ces films que je zieutais et j'ai pris de plus en plus goût au cinéma. Un art qui m'était indifférent jusqu'à alors. Chez l'homme en noir, j'ai vu mes premiers Truffaut, l'excellent Noblesse Oblige abordé chez Manu, j'ai complété ma collection de Tati et de Capra et je me suis doucement sensibilisée à la VO. Aujourd'hui, je vois ce ciné-club comme un véritable carrefour de gens venant de divers horizons (étudiants, actifs) et ne se connaissant pas, mais partageant un même intérêt le temps d'une séance. Je ne sais pas s'il perdure toujours.
En fin de compte, je me suis toujours demandée la motivation de l'homme noir. Pur altruisme? Intérêt caché? Les deux se valent.
J'ai longtemps fait partie d'une société secrète durant mes années de fac. Alors, il n'y a rien à voir avec les fraternités des universités américaines. On ne se connaissait pas forcément les uns les autres, on ne buvait pas des boissons alcoolisées, on ne faisait pas la fête et nos soirées étaient loin de se terminer dans l'orgie la plus complète. A la place, des jus de fruits fraîchement pressés que certains amenaient en guise de présents, un buffet de bonbons (carambars inclus pour mettre un peu d'ambiance), de la musique dynamique et enthousiaste (Brel et Barbara) nous faisaient patienter en attendant que tout le monde soit arrivé.
Il arrivait que l'hôte des lieux nous prenne en photos peut-être pour se dire qu'il avait plein de potes et qu'il faisait des soirées de foliiie. Son vaste appartement nous servait de vestibule car c'était dans les sous-sols, tout aussi spacieux, que la soirée avait réellement lieu. Afin de rejoindre les profondeurs, il fallait rester discret et silencieux (bah oui, on était une société secrète, quoi!) et faire preuve de souplesse pour éviter de se cogner au plafond bas (c'est là que j'ai béni ma petitesse). Quelques marches en colimaçon plus tard, on arrivait dans une pièce remplie de coussins, de fauteuils et de canapés, un décor parfait pour une soirée
Dans deux coins de la salle, se tenaient deux étagères avachies sous les vinyles, boîtes en carton, cassettes vidéos et dvd en tous genres. Au plafond en voûte était fixé un rétroprojecteur et au fond, une gigantesque toile blanche aussi grande que celle qu'on peut trouver dans certaines salles de cinéma.
Chaque soirée commençait par les mêmes rituels: tout le monde prenait place. J'essayais à tout prix de partir à l'abordage du fauteuil gauche car passer deux heures minimum sur une chaise pliante... Une fois tous les gens installés, le maître de cérémonie, on l'appellera l'homme en noir, (car il était toujours habillé en
J'espère que tu commences à percuter. Oui? Non? Bon, allez, je me clarifie, je passe aux aveux et je fais mon coming-out de ciné-club 'sauvage'.
Je le qualifie de 'sauvage' car j'ai appris l'existence de ce ciné-club privé par le garçon tourmenté (il y en a toujours un) de ma promo de lettreux qui le tenait d'une autre personne qui le tenait de la soeur de sa meilleure pote. Tu vois un peu le bouche à oreille. 'Sauvage' car ce ciné-club était tenu par un philantrope solitaire et élitiste mais aimant, je pense, le contact avec les étudiants et les Erasmus et partager le ressenti de chacun de l'après-film. Enfin, 'sauvage' car comme nous le savons tous, une représentation cinématographique en dehors du cercle privé et familial est purement interdite. De plus, l'homme en noir insistait beaucoup sur notre discrétion.
Au fil des ans, comme une éponge, j'ai absorbé tous ces films que je zieutais et j'ai pris de plus en plus goût au cinéma. Un art qui m'était indifférent jusqu'à alors. Chez l'homme en noir, j'ai vu mes premiers Truffaut, l'excellent Noblesse Oblige abordé chez Manu, j'ai complété ma collection de Tati et de Capra et je me suis doucement sensibilisée à la VO. Aujourd'hui, je vois ce ciné-club comme un véritable carrefour de gens venant de divers horizons (étudiants, actifs) et ne se connaissant pas, mais partageant un même intérêt le temps d'une séance. Je ne sais pas s'il perdure toujours.
En fin de compte, je me suis toujours demandée la motivation de l'homme noir. Pur altruisme? Intérêt caché? Les deux se valent.
Je t'aurais bien montré à quoi tout ça ressemblait mais comme c'était une société secrète, il vaut mieux que ça reste secret, juste entre quelques quarantaines de toi et moi.
Oh c'est marrant, mais je répéterai rien promis :x
RépondreSupprimerGentillesse peut-être, ou amour du cinéma pour l'homme en noir ??
RépondreSupprimerMerci pour la citation en tous cas !!
Les années étudiantes sont souvent les plus propices au trip cinéphile. Tiens, ça me fiche une de ces nostalgies !
RépondreSupprimerohooo j'aurais adoré faire partie de cette société secrète moi ;) Et je valide pour une folle passion pour le cinéma de la part de l'homme en noir !
RépondreSupprimer@ Gazelle: je compte sur ta discrétion ;-)
RépondreSupprimer@ emanu124: de rien!
@ mamzelle: toi aussi, tu as été cinéphile durant tes années étudiantes?
@ Caro: tu m'étonnes, tiens!
Ca, je me doute que l'ambiance ne devait pas être la même que celle d'un complexe UGC.
RépondreSupprimerMotus et bouche cousue, je dirai rien! Promis!
Je savais que je pouvais compter sur toi ;-)
RépondreSupprimerTiens c'est le style de truc dont j'aurai vraiment aimé faire partit. Je me faisais mes séances toute seule chez moi, c'est moins glamour tout ça!
RépondreSupprimerJe suis sûre que cela t'aurait plu :-)
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